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Jean-Eric Fournier : Ce sont des enjeux qui sont au cœur des réflexions de notre groupe et pour lesquels nous avons mis en place une démarche volontariste. Celle-ci vise en particulier à réduire notre empreinte carbone, avec pour objectif de diminuer de 40 % nos émissions de gaz à effet de serre entre 2010 et 2030. Ce qui implique, entre autres, de mener une réflexion approfondie sur la façon dont nous construisons et rénovons nos immeubles, sur les matériaux que nous allons employer et ceux auxquels nous pouvons donner une seconde vie.
Vincent Floquet : Cette stratégie débouche sur de nombreuses initiatives au sein de nos projets. Nous intégrons notamment à nos constructions des matériaux biosourcés issus de notre environnement. C’est le cas en particulier du bois et de ses multiples déclinaisons (massif, en fibres…). Nous les utilisons comme isolant, dans la structure des bâtiments ou encore sous forme de revêtements (parquets, escaliers…).
Vincent Floquet : De nombreux matériaux peuvent être réemployés ou recyclés dans le cadre d’une démarche d’économie circulaire. Il est par exemple possible de se servir de vitrages anciens déposés lors de chantiers de curage pour fabriquer, après une phase de concassage, de nouveaux vitrages bas carbone. Des projets ont été menés en ce sens sur les immeubles « Beige » et « The Line Miromesnil » à Paris. Sur ce second chantier, des châssis en aluminium 100 % recyclés, issus de la déconstruction, ont également été installés. Dans le même sens, nous cherchons à rénover certaines installations plutôt que de les changer totalement. Nous avons ainsi réalisé le rétrofit de ventilo-convecteurs [1] sur le campus de Dassault Systèmes à Vélizy et la même démarche est engagée sur notre tour CB 21 à La Défense.
Vincent Floquet : Totalement ! Nos actifs fonciers représentent de véritables gisements de matériaux pouvant être réutilisés. Lorsqu’un curage est décidé, nous allons donc désormais auditer le bâtiment avec une attention particulière afin de déterminer le potentiel des matériaux présents – ce qui implique également une montée en compétences des équipes qui doivent connaître les débouchés possibles, les filières existantes…
Les process évoluent également sur les chantiers où les matériaux et équipements issus du recyclage peuvent être déployées. Nous devons passer par des phases de test afin de nous assurer de la fiabilité de la solution que nous souhaitons mettre en œuvre, mais aussi lever progressivement les différents freins existants (sur les plans technique ou assuranciel par exemple). C’est cette stratégie des petits pas qui nous permettra d’atteindre, à terme, des déploiements massifs. On peut l’observer notamment sur la question du réemploi des faux planchers. Nous avons débuté en 2018 des expérimentations sur le sujet. Aujourd’hui, il s’agit d’une solution mature, déployée sur l’ensemble de nos chantiers.
Jean-Eric Fournier : Nous avons développé des échanges nourris et très directs avec différentes entreprises afin de déployer ces démarches circulaires. Covivio a par exemple mené des discussions avec le spécialiste du verre AGC Glass Europe et celui de la menuiserie en aluminium Wicona afin que des expérimentations autour du recyclage puissent être menées. Nous suivons également les activités d’acteurs comme la plateforme collaborative nommée Sekoya, qui présente différentes solutions durables aux professionnels du secteur du bâtiment. C’est à cette occasion que nous avons découvert la peinture recyclée proposée par une startup, Circouleur, à laquelle nous avons eu recours à plusieurs reprises.
Vincent Floquet : Pour progresser dans les démarches d’économie circulaire, il est indispensable de faire preuve de curiosité, de multiplier les échanges, de rechercher des solutions innovantes… Nous discutons ainsi avec des architectes, des assistants à maîtrise d’ouvrage et des entreprises de travaux. Nous nous intéressons aussi en effet aux propositions des start-ups. L’une d’elles, SmartBack, spécialiste de la revalorisation du mobilier, nous a par exemple accompagné lors de l’audit d’un hôtel au Touquet avant des travaux de rénovation. Nous avons réalisé un inventaire précis et trouvé des débouchés pour l’ensemble du matériel recensé.
Jean-Eric Fournier : Il faut analyser cette question sur le long terme. Lors de phases d’expérimentation, les coûts peuvent être légèrement plus élevés. Mais il s’agit dans le même temps d’une période d’apprentissage précieuse pour nos équipes. Avec le développement progressif des pratiques circulaires, les prix s’orienteront à la baisse. Et les produits recyclés seront d’autant plus compétitifs dans le futur que certaines matières premières s’épuisent, de sorte que certains matériaux neufs vont devenir de plus en plus rares et, ce faisant, de plus en plus onéreux.
Jean-Eric Fournier : L’une des priorités devra être d’assurer la disponibilité continue des matériaux recyclés. Le flux doit être constant. Cela implique une structuration importante : une chaîne d’acteurs doit être identifiée, des filières organisées, des circuits de collecte maîtrisés. Ces évolutions seront nécessaires pour continuer à attirer un nombre croissant d’entreprises autour de pratiques circulaires.
[1] Opération consistant à remplacer des composants anciens ou obsolètes par des composants plus récents, généralement en changeant la technologie, sans modifier la fonction.