Paris et Milan

Trajectoires urbaines

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  • Matteo Del Fabbro

    Chercheur en études urbaines et chercheur associé à Sciences Po

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De Paris à Milan, en passant par Berlin, Lyon, Barcelone ou encore Düsseldorf, Covivio est présent depuis 20 ans au cœur des principales métropoles européennes. Quelles sont leurs différences ? Quels sont leurs points communs ? A quels enjeux devront-elles faire face dans les prochaines années ? Quelles sont leurs trajectoires urbaines ? Nous vous proposons, à travers une série de portraits croisés urbains, de partir à la découverte de ces villes dont Covivio et l’Europe constituent les dénominateurs communs.

Paris-Milan, deux villes dans l’air du temps

Sur le papier, les deux villes n’ont pas grand-chose en commun. L’une, Paris, capitale d’un pays centralisé, porte les ambitions internationales de la France et se veut donc globale et puissante, à l’image de Londres, New York ou Shanghai. L’autre, Milan, capitale régionale et tête de pont économique d’un pays décentralisé, se positionne comme un challenger incontournable, dynamique et créatif.

Pourtant, à y regarder de plus près, les ressemblances ne manquent pas.

Il y a d’abord, une dynamique économique puissante qui a favorisé le développement de deux aires urbaines, aujourd’hui parmi les plus importantes d’Europe : 12 millions d’habitants dans la région de Paris, 8 millions dans celle de Milan. Ce riche héritage économique trouve ses racines dans l’Histoire. Il est même, aujourd’hui, inscrit dans toutes les langues du monde. Les marchands lombards du Moyen-Âge ont inventé la « banque », dont le nom vient de banca, le banc de bois sur lequel ils s’entendaient pour financer leurs productions de tissu et de cuir. Le « luxe », lui, a été inventé par Colbert, au début du règne de Louis XIV : à partir des manufactures royales de porcelaine et de tapisserie, il crée un appareil industriel sophistiqué, prêt à conquérir le monde en jouant habilement sur l’appétit de nouveauté et de reconnaissance des classes favorisées des villes, Paris en tête.

Un développement économique et durable

Depuis le début des années 2000, à Paris comme à Milan, le développement économique et démographique est intense et « favorise l’installation d’activités à valeur ajoutée », souligne Matteo Del Fabbro, chercheur en études urbaines et chercheur associé à Sciences Po. Ainsi, à l’heure du changement climatique, les deux métropoles doivent, malgré leurs tailles différentes, relever des défis comparables : devenir plus durables et plus inclusives, tout en préservant leur attractivité et leur capacité d’innovation.

Le premier de ces défis concerne le logement et la mobilité. Comment permettre à des millions de personnes de se loger à des prix raisonnables, avec des temps de transport acceptables par rapport à leurs lieux de travail ? A cette question, Paris a répondu par un effort de planification de long terme avec la création d’un réseau de transports en commun dense, régulièrement réaménagé avec l’appui financier de l’Etat. Depuis 2010, le projet du Grand Paris coordonne et soutient les initiatives d’aménagement urbain et de transport, de la canopée des Halles aux quelques 131 communes de la région parisienne.

Par contraste, Milan, se repose sur des processus plus informels, ce qui provoque occasionnellement décalages et coups d’arrêt. Paradoxalement, le déficit de planification lui permet aussi une certaine agilité. La ville s’est illustrée dans un urbanisme tactique.

Matteo Del Fabbro
chercheur en études urbaines et chercheur associé à Sciences Po

Ainsi, l’exposition universelle, Expo 2015, a renforcé les liens entre Milan et les communes de Rho et Pero, au nord-ouest de l’agglomération. Plus récemment, la municipalité milanaise a su profiter des périodes de confinement pour améliorer les conditions de circulation entre le Corso Buenos Aires, artère commerçante du centre-ville, et la Viale Monza, porte d’entrée vers l’est de la Lombardie.

Des enjeux communs

Au-delà de leurs différences sur les modes de régulation, Paris et Milan sont aujourd’hui entrées ensemble dans une nouvelle ère, placée sous le signe de la préservation de l’environnement et de la mixité. Ces transformations ont leurs lieux emblématiques : à Milan, le nouveau quartier de Porta Nuova avec ses bâtiments design et ses espaces verts originaux, y compris son fameux « bosco verticale », redessine les contours d’une ville aux multiples centres. A Paris, l’ancienne friche ferroviaire des Batignolles s’est transformée en éco-quartier où se mêlent espaces verts, logements et édifices publics, connectés par des transports en commun renouvelés. De quoi faire écho à la ville italienne.

Un destin commun : ville olympique

Et l’avenir ? A court terme, les deux villes sont unies par leur destin de villes olympiques et paralympiques. Paris verra le retour des Jeux d’été en Europe en 2024, et, moins de deux ans plus tard, en 2026, Milan accueillera les Olympiades d’hiver, dont le village Olympique se situera sur Scalo Di Porta Romana, une ancienne gare de triage désaffectée située dans le sud de Milan et totalement régénérée par Coima SGR, Covivio et Prada Holding S.p.A. A plus long terme, pour Matteo Del Fabbro, Paris et Milan devraient « continuer de redécouvrir des éléments de leur patrimoine naturel », par exemple, avec le réaménagement de la Bièvre à Paris, ou des Navigli, les canaux enterrés milanais. Avec une feuille de route simple mais ambitieuse : consolider leur statut de capitales économiques et culturelles, à la fois prospères et responsables.