1 immeuble, 1 oeuvre : quand l’art investit l’immobilier

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Convaincu que l’art contribue à l’identité d’un site et à la construction d’un espace commun, tout en dynamisant les échanges et la créativité, Covivio adhère en 2018 à la Charte « 1 immeuble, 1 œuvre », lancée par le ministère de la Culture. Son objectif : installer l’art au plus près de chacun, dans des bâtiments privés. Retour sur l’engagement de Covivio en faveur de l’art avec Marielle Seegmuller, Directrice des Opérations de Covivio, et Clara Descours, Directrice communication Produits de Covivio.

Présentez-nous la Charte « 1 immeuble, 1 œuvre »

Clara Descours : La Charte « 1 immeuble, 1 œuvre » est une initiative qui a été créée par le ministère de la Culture pour mobiliser les acteurs privés dans la commande et la diffusion de la scène artistique française. C’est un programme qui connaît un grand succès, et Covivio s’y est engagé dès son lancement. De 13 signataires à l’époque, nous sommes aujourd’hui 40 membres, pour un total de plus de 600 œuvres installées dans 400 programmes immobiliers. Le programme veille à la fois à la diversité des expressions artistiques – muralisme, digital, sculpture, street art, etc. – ainsi qu’à la diversité géographique avec 50% d’œuvres installées en Île-de-France et 50% en région. Chez Covivio, nous avons installé 16 œuvres en France, soit près de 3 par an, et nous nous engageons à soutenir des artistes émergents, avoir un ancrage territorial, et à proposer des œuvres diversifiées.

Marielle Seegmuller : Depuis sa création, la Charte « 1 immeuble, 1 œuvre » est devenue le second programme de soutien artistique après le 1% artistique, porté par les acteurs publics. C’est un programme qui s’est largement développé et structuré, comme l’illustre le lancement du « Club 1 immeuble, 1 œuvre », qui accompagne juridiquement et artistiquement les membres.

Pourquoi Covivio s’est-il engagé dans ce programme ?

Clara Descours : Car la démarche est très intéressante et permet d’allier à nouveau architecture et art, qui sont deux vecteurs d’émotions. C’est aussi une démarche qui permet de partager l’art avec les occupants de nos immeubles, mais aussi avec les riverains, et donc d’ouvrir nos bâtiments sur la ville.

Marielle Seegmuller : C’est une démarche qui illustre aussi parfaitement notre vision de l’immobilier vivant et qui entre en résonnance avec notre Raison d’être « Construire du bien-être et des liens durables ».

Comment mettez-vous en œuvre la Charte au sein de Covivio ?

Une fois la Charte signée, il a fallu penser la mise en œuvre, et structurer la démarche : choix des immeubles (bureaux, résidentiels ou hôtels) et des artistes, gestion budgétaire, encadrement juridique, impact sur la vie de l’immeuble, intégration des partenaires et co-investisseurs, adhésion du client, etc.

Marielle Seegmuller
Directrice des Opérations de Covivio

Marielle Seegmuller : Concernant le choix des immeubles, nous essayons de systématiquement intégrer une œuvre dans nos nouveaux développements bureaux. Par exemple So Pop, Maslö ou Stream Building : leur taille conséquente ainsi que leur concept en faisaient des immeubles sur lesquels l’installation d’une œuvre d’art était évidente. Nos immeubles existants sont également intégrés dans la démarche avec notamment nos espaces de coworking Wellio, la Tour CB 21 à La Défense, ainsi que deux hôtels Covivio, opérés respectivement par Meininger et Motel One.
Nous choisissons des projets dont l’ouverture sur la ville permet aux utilisateurs, mais aussi aux riverains de profiter de l’œuvre d’art. Notre objectif est vraiment de donner accès à l’art au plus grand nombre.

Clara Descours : Une fois les immeubles identifiés, il s’agit ensuite de choisir les œuvres. Et pour ce faire, nous réalisons, avec l’aide de curateurs et de conseillers en art, un travail de sourcing et de présélection des artistes, qui auront ensuite 20 minutes pour présenter leur œuvre devant notre comité de sélection interne, composé de tous les métiers qui interviennent sur le (re)développement de l’immeuble concerné : direction des opérations, commercialisation, design et user experience, développement. L’organisation des comités internes et la mobilisation des collaborateurs constituent une vraie singularité et font du choix des œuvres un réel projet d’entreprise. Cette transversalité permet aussi d’avoir une œuvre que je qualifie de « réalisable », c’est-à-dire qui peut s’intégrer dans l’immeuble et dans l’espace choisi. Enfin, le comité de sélection de l’œuvre étant lié à chaque immeuble, sa composition varie : cela permet une vraie diversité dans les choix réalisés.

Comment cette démarche s’est-elle répandue dans le groupe ?

Clara Descours: La Charte « 1 immeuble, 1 œuvre » est une initiative française, mais nous la déployons depuis 2019 en Italie et en Allemagne, où des œuvres ont été installées dans plusieurs de nos immeubles de bureaux et de logements. Des curateurs accompagnent nos équipes sur place afin d’identifier et sélectionner les artistes. Quant au choix des œuvres, il se fait aussi par le biais de comités de sélection : là aussi la démarche se veut collective et propre à chaque site.

Marielle Seegmuller: En Italie, 2 œuvres ont été installées dans des immeubles de bureau, dont Wellio Dante. En 2022, Covivio a soutenu le miart – salon international d’art moderne et contemporain de Milan – et a sélectionné un artiste exposé dans la section « Emergents » pour créer l’œuvre d’art « Altra Natura » qui est aujourd’hui installée sur le Building D de Symbiosis. Quant à l’Allemagne, les œuvres d’art habillent nos différents projets résidentiels : à Dinslaken, un mur de graffitis a été réalisé par des jeunes du quartier accompagnés par l’artiste Ralph Wiese ; à Leipzig c’est une peinture murale commémorative en mémoire de l’artiste de bande dessinée Ralph Niese qui a été peinte sur la façade de notre immeuble résidentiel de la Angerstraße 55. En juin 2022, et en collaboration avec Lebenshilfe Oberhausen une association qui accompagne les personnes handicapées, Covivio a mis en œuvre un projet artistique pour un immeuble résidentiel inclusif à Oberhausen : 21 œuvres d’art y ont été installées.

Déjà 5 ans que vous êtes engagés dans ce programme : comment voyez-vous la suite ?

Clara Descours: Effectivement, après 5 ans, de nombreuses œuvres installées en Europe, et un processus de sélection bien rôdé, nous réfléchissons à plusieurs manières d’enrichir notre engagement dans la Charte.
Tout d’abord avec L’Atelier, qui sera le futur siège européen de Covivio. Nous avons fait appel à la DRAC Île-de-France (Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France) afin de favoriser l’ancrage territorial, tant au niveau des relais qui nous accompagnent dans la recherche d’artistes, que dans les artistes choisis.
Nous réfléchissons aussi à investir de nouveaux supports pour les œuvres, telles que les palissades de chantier ou les façades de nos immeubles, comme cela a été fait par exemple avec Alexanderplatz  et Stream Building à Paris.

Marielle Seegmuller: Nous souhaitons aussi renforcer nos liens avec les Ecoles. Nous avons déjà fait appel à la Manufacture des Gobelins pour notre immeuble Gobelins, ou encore à un jeune diplômé de l’ENSAD sur notre Tour CB21 à La Défense. C’est une manière pour nous de laisser l’opportunité à de jeunes artistes de s’exprimer.
Nous engager avec la Charte « 1 immeuble, 1 œuvre » nous a aussi donné envie d’aller encore plus loin et de donner encore plus de place à l’art dans nos immeubles. Ça a été un véritable accélérateur qui nous incite à diffuser l’art et à donner vie à des cycles artistiques au sein de nos immeubles, voire de notre patrimoine.

Clara Descours: Nous allons aussi continuer à faire vivre les œuvres installées au sein de nos différents immeubles. Nous développons différentes initiatives de médiation publique à destination des occupants de nos immeubles, mais aussi à destination des riverains, dans un souci de démocratisation de l’art. Nous réfléchissons aussi à intégrer ces œuvres dans des parcours urbains, et ainsi accroître encore plus l’ouverture de nos immeubles sur la ville afin qu’ils deviennent de véritables destinations.